• Quand la Scarpe n'existait pas...

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    Article 1:

    La Scarpe

    Son parcours modifié, canalisé, détourné

     

    Autrefois, cette rivière s'appelait la Satis, ce nom est d'ailleurs mentionné dans les documents du Xè siècle. Il semble que la Satis, venant de la direction d'Arras, en passant à Pelves plongeait vers le Sud à Biache Saint Vaast. De là, elle gagnait Arleux et Palluel par le marais d'Hamblain les Près et Sailly en Ostrevent pour se jeter dans la vallée de la Sensée et rejoindre l'Escaut à Bouchain. La rivière ne traversait dons pas Vitry en Artois. Son parcours suivait une série de lacs et de marais. Il y avait un lac entre Sailly et Etaing qui interdisait le passage entre ces deux villages.

    Le seuil de Vitry (fossé) ne sera creusé par l'homme qu'entre le Xè et le XIIè siècle, peut-être au cours du règne d'Arnoult I (950-965). La Satis rejoignait ainsi la Scarpe aux alentours de Brebières. La Scarpe joignait ainsi Arras à Douai. Mais le courant d'eau devait être irrégulier, au milieu des marais. Or Douai avait des besoins de plus en plus importants pour ses fortifications et ses moulins. De plus, l'intérêt d'une voie de commerce navigable entre les deux villes était évident. Durant des années pourtant, la rivalité des deux cités va donner lieu à  de nombreux procès et querelles relatifs à la canalisation de la Scarpe. En 1588 Mathieu Moulart, Évêque d'Arras, accepte la canalisation projetée demandée par les échevins d'Arras. La Scarpe est canalisée partiellement entre 1590 et 1592. En 1620, la Scarpe, canalisée depuis la fin du XVIè siècle, voit passer sa première péniche. En 1800 la rivière entre Arras et Douai est navigable au moyen de seize écluses. Le canal couvre 26,673 kms

    Article 2:

    1 La rivière Scarpe est artificielle

    Avant le 10e siècle, la Scarpe n’existait pas. Il y a plus de 1 000 ans coulaient deux rivières, le Scarbus et la Satis, que le comte de Flandres décide de rassembler vers 980. Ces cours d’eau étaient déjà empruntés par des barques, mais là le trafic s’intensifie et favorise le commerce. En fait, la Scarpe a été créée de toutes pièces pour le transport (de grains, de tourbe, de bois), pour alimenter les moulins (il y en a eu jusque 16 à Douai intra-muros), et remplir les fossés des villes fortifiées.

    2 Douai est née de la rivière

    La Scarpe était navigable à partir du Douaisis : on y embarquait les marchandises pour approvisionner les grandes villes de Flandres. À cette époque, Douai n’existait pas encore, mais Lambres-lez-Douai, si ! C’était un point d’étape : il y avait un débarcadère, une sorte de port, et un marché où l’on prélevait des taxes pour enrichir la ville. Mais un jour, un seigneur, le comte d’Ostrevent, décide d’arrêter les bateaux avant le port et de détourner les marchandises : un vrai détournement fiscal ! C’est l’histoire de Douai qui se lance : on y construit une vieille tour, un port, et des maisons (près de l’actuel palais de justice, vers le Turbotin).

    3 On relie Douai à Arras

    La Scarpe étant navigable à partir de Douai, les gens d’Arras devaient amener leurs marchandises par la route ! Ils demandent donc de construire un canal d’Arras à Douai : en 1590, le roi d’Espagne donne son accord. Ce canal sera navigable à la fin du 17e siècle. Les Douaisiens ont peur de perdre leur droit d’étape et négocient âprement. Il faut dire que la traversée de la Scarpe était périlleuse à l’époque : il y avait des obstacles à franchir (trois trappes et deux écluses), des ponts, et la rivière était étroite et sinueuse.

    4 On apprivoise le cours d’eau dans Douai

    Au 19e siècle, on aménage les quais de la Scarpe à Douai pour le halage des bateaux : on redresse le cours d’eau, on rend la rivière moins sinueuse en l’élargissant à 12 mètres de large, on approfondit son lit, on crée des ponts levis, levant ou tournant pour faciliter le passage des bateaux. A la fin du 19e siècle, 20 000 bateaux y passent par an, et on transporte un tiers du charbon par bateau. La Scarpe fait le bonheur des tanneurs, des teinturiers, des foulons, des brasseurs et des meuniers.

    5 Le canal est creusé

    En 1891, on décide de creuser un canal de dérivation pour contourner la ville de Douai et gagner du temps. Le port de Dorignies et le rivage Gayant sont nés de cette décision. Le canal est ouvert en 1895, il fait 40 mètres de large, permet de faire passer de plus gros tonnages et relie le canal de la Sensée au canal de la Haute-Deûle vers la métropole lilloise. Du coup, en 1926, la rivière est interdite à la navigation : seules les barques de l’office de tourisme y circulent encore l’été. En 1970, la rivière a même failli disparaitre ! Un projet visait à la transformer en route. Il échoue à deux voix près.